[en provenance de sa chambre]
C’est pas que je m’emmerde, mais je me fais chier grave.
Je saute sur mes pieds et décide de bouger un peu. C’est un cimetière cette thurne, on n’y croise que des dépouilles on des âmes en peine. Mais je n’ai pas que ça à foutre, m’occuper des enveloppes consignées. J’ai une nouvelle profession, et il serait bon que je m’y attèle un peu.
Je repousse le rideau noir qui barre l’entrée de ma chambre en prenant soin de renouveler les sorts de protection qui y sont attachés. Je passe une main rapide dans ma chevelure pour éviter qu’elle soit trop en ordre. Et je descend les volées de marches qui me ramènent au rez-de-chaussée. Quelques bruits étouffés proviennent du vestibule. Encore un importun qui se fait remettre à sa place sans doute. Je passe rapidement devant la panta gruèlique et me dirige vers la porte en ogive qui mène aux sous-sols.
Le vantail est de bois sombre et grince comme il se doit lorsqu’on le pousse. On va finir par tourner à la caricature dans le coin. L’escalier qui s’offre à moi est un colimaçon serré. Les torchères y sont peu nombreuses et pour l’heure, aucune d’elle ne porte de lumière. Tant mieux. Je n’en ai nul besoin pour me diriger. Au bout d’un temps indéfinissable, j’arrive enfin sur le pallier. Etonnant comme ces caves peuvent être profondes. A croire que j’ai descendu beaucoup plus d’un étage pour arriver jusqu’ici. Le hall dans lequel je me trouve rappelle les motifs des ogives gothiques de l’entrée. Le décorateur à vraiment un goût de chiotte, on se dirait chez les adorateurs de Tadphaël…
La porte de la gégène est massive également et le petit fenestron dont elle est ornée rappelle l’œilleton d’une cellule. A l’intérieur, tout un fatras d’ustensiles, de chevalets et de brodequins en tous genres. Une vierge de fer entrouverte appelle le chaland. Mais c’est le mur du fond qui m’intéresse. Un mur de grosse pierre solide, d’une belle roche vitrifiée par le feu.
Je me mets à mon aise, me gave de branche d’ent et au boulot. Bientôt, les boules de feu fusent. Je m’exerce, m’entraîne et me plonge totalement dans les effluves de la magie. Mes mains, mes bras et mon corps ne sont plus qu’un vecteur des flux de l’Ether. Je veux y arriver. Je vais de venir plus forte. Je réussirai à laisser ma marque dans la pierre. Mon corps est tendu dans cet unique but et toutes les autres pensées me quittent peu à peu. Plus rien d’autre n’a d’importance que ce déluge de chaleur thaumaturgique.